Chronique santé : Changer la situation sanitaire et économique de la veuve
- Posted on 24/06/2025 13:30
- Film
- By kolaniyendoumiesther@gmail.com
 
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La Journée mondiale des veuves est célébrée chaque 23 juin. Elle rappelle une réalité trop souvent reléguée au second plan, celle des milliers de femmes qui, après la perte de leur époux, doivent affronter seules un monde souvent dur, injuste et silencieux à leur douleur. Si le deuil est universel, la condition de la veuve au Togo reste marquée par des pratiques, des privations et un abandon qui compromettent gravement son bien-être, notamment sa santé physique et mentale.
Bien
que les données restent limitées, on estime qu'il y a environ 258 millions
de veuves dans le monde et une sur dix vit dans une pauvreté extrême. La veuve
togolaise, surtout en milieu rural, n’a pas seulement perdu un conjoint, elle
perd souvent un soutien économique, un statut social, une protection. Très
vite, elle se retrouve à devoir tout assumer, les enfants, la maison, le champ
ou le commerce, et parfois sans ressources, ni accompagnement. Face à ces
responsabilités écrasantes, la santé devient une préoccupation lointaine, voire
un luxe.
Et
pourtant, les conséquences sont là. Nombre
de veuves souffrent en silence d’hypertension, de douleurs chroniques, d’arthrose,
de troubles gynécologiques, ou de maladies non diagnostiquées, faute de moyens
pour consulter. 
Une
mauvaise nutrition, un logement inadéquat et des épisodes répétés de violence,
accompagnés d’un manque d'accès aux soins de santé, ont un impact négatif sur
le bien-être physique et mental des veuves.
Santé
mentale : le tabou derrière les sourires
La
souffrance mentale est un volet encore plus ignoré. Comment ces veuves
vivent-elles la solitude, la stigmatisation, les humiliations parfois infligées
au nom de rites de veuvage ? Beaucoup intériorisent tout cela, au point de
sombrer dans la dépression, l’anxiété, voire des pensées de renoncement. Et
dans une société où « parler de ses émotions » reste marginal, ces femmes
gardent le silence, jusqu’à ce que le corps ou l’esprit lâche.
La
veuve, actrice de résilience
Il
ne s’agit pas de faire des veuves des personnes à plaindre, bien au contraire.
Elles sont des piliers des familles, des entrepreneures, des éducatrices, des
citoyennes fortes. Mais pour qu’elles continuent de jouer ce rôle essentiel, il
est temps de leur garantir des droits réels et un accès équitable à la santé.
Il
leur faut un accès facilité aux soins de santé primaires, par exemple des consultations
gratuites ou subventionnées, des dépistages itinérants dans les zones rurales, une
intégration dans la couverture sanitaire universelle.
Il
faut aussi un appui psychosocial structuré, comme un accompagnement
psychologique communautaire, une formation d’agents relais sensibilisés aux
problématiques du deuil.
Un
soutien à l’autonomisation économique par des formations, les microfinancements,
une inclusion des veuves dans les programmes d’entrepreneuriat féminin et
d’éducation financière.
Penser
autrement la solidarité
En
tant que société, que faisons-nous pour celles qui ont tout perdu et continuent
malgré tout à se battre ? Il ne suffit pas de leur témoigner de la compassion
une fois par an. Il faut intégrer leurs besoins spécifiques dans les plans de
développement, dans les politiques sanitaires, et dans les priorités
communautaires.
La
santé des veuves, c’est la santé de familles entières. En leur donnant les
moyens de se soigner, de parler, de se reconstruire, nous bâtissons une société
plus juste, plus humaine, et plus forte.
Raymond DZAKPATA
 
								 
						 
							